Article N° 7799

Repurposing

Repurposing : les médicaments matures n’ont pas dit leur dernier mot !

Abderrahim DERRAJI - 07 avril 2024 17:25

Le repurposing ou réutilisation d'anciens médicaments éprouvés pour de nouvelles indications thérapeutiques émerge comme une voie prometteuse dans l'innovation médicale. Ces médicaments dont les brevets ont expiré pourraient constituer une réponse à divers défis médicaux contemporains.

 

Tout d'abord, ces anciens remèdes pourraient offrir une alternative sérieuse pour pallier les pénuries de médicaments qui entravent l'accès aux soins. De plus, leur utilisation pourrait s'avérer cruciale dans la lutte contre les pandémies qui ont révélé les limites d’une économie mondialisée. Enfin, ces médicaments peuvent également être une lueur d'espoir pour les patients atteints de maladies rares, confrontés à des traitements onéreux et souvent inabordables.

 

Le repositionnement de médicaments vise à découvrir de nouvelles indications pour des médicaments déjà approuvés ou en phase expérimentale. En faisant de la sorte, on évite les essais cliniques pour évaluer l’innocuité. Cette approche optimise les ressources et accélère le processus de mise sur le marché. Cependant, il reste essentiel de prouver par des essais cliniques l’efficacité de ces médicaments dans les nouvelles indications identifiées.
 

Outre cet avantage, le repurposing, que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie de «champion sous-estimé de l'innovation durable», permet de réaliser des économies supplémentaires en tirant parti des chaînes de production existantes.

Le repositionnement de médicaments n'est pas nouveau. L'aspirine, initialement conçue comme un anti-inflammatoire, est désormais largement utilisée pour prévenir les récidives d'infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux (AVC). De même, le minoxidil, développé comme antihypertenseur vasodilatateur dans les années 1960, est utilisé comme traitement de la calvitie androgénique.

Le kétoconazole, antifongique et inhibiteur de la synthèse du cortisol qui a été retiré du marché en raison de sa toxicité hépatique, a été réintroduit dans la pratique clinique pour traiter la maladie de Cushing.

Cependant, toutes les réutilisations de médicaments ne sont pas des réussites. L'exemple le plus récent est celui de l'hydroxychloroquine, un antipaludéen qui a été proposé comme traitement potentiel contre la Covid-19, mais dont l'efficacité n'a toujours pas été démontrée par les essais cliniques probants.

Souvent, ces nouvelles indications sont découvertes de manière fortuite par les médecins dans leur pratique quotidienne. Malheureusement, les laboratoires pharmaceutiques sont rarement intéressés par ces anciens médicaments, dont la rentabilité n'est pas garantie.

En conclusion, bien que le repurposing ne puisse remplacer la recherche traditionnelle, il offre néanmoins une opportunité précieuse qui ouvre de nouveaux horizons et offre un espoir renouvelé pour de nombreux patients à travers le monde.

Source : PharmaNEWS